(Une par Zombi)
gilets jaunes - Page 2
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Fanzine n°90 - Avril 2021
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Lendemains qui chantent
Caricature par ZOMBI
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Revue de presse BD (382)
Julian Assange (croquis d'audience)
+ "En 2020, Georges Orwell ne manquerait pas d'inspiration." confiait récemment le romancier et essayiste Julian Barnes à la "Revue des deux Mondes" (déc.-janv.).
Le cas Julian Assange est un cas inspirant. La demande d'extradition des Etats-Unis, examinée le 6 janvier par un tribunal londonien, a été rejetée au motif hypocrite que la mauvaise santé du prévenu empêche cette extradition ; dans le même temps, le tribunal a condamné les méthodes d'investigation d'Assange. A travers Wikileaks, celui-ci révéla les méthodes peu reluisantes du Pacte atlantique lors des guerres d'invasion de l'Irak (2004-2009) et de l'Afghanistan. La demande d'extradition des USA vise avant tout à faire du cas Assange un exemple dissuasif.
Julian Assange croupit dans une prison britannique depuis plus d'un an, où il subit des sévices (privation de soins appropriés) ; il est désormais seul ou presque, comme Winston Smith dans "1984" après avoir osé affronter un monstre froid portant le masque de la démocratie. Assange a péché comme Winston Smith par naïveté. C'est un des points les plus satiriques de "1984" que la mise en cause par Orwell de sa propre naïveté, sa foi dans une "Fraternité" représentant un idéal révolutionnaire. Big Brother capture ainsi Winston Smith par où celui-ci croyait pouvoir s'opposer à Big Brother ; de même la foi de Julian Assange dans une démocratie transparente et honnête a fini par le jeter dans les bras de Poutine (exactement comme Soljénitsyne s'était donné aux Américains).
Caricature par Chappatte parue dans "Le Temps" de Genève (avril 2019)
- A noter que le caricaturiste international Chappatte préfère souligner la collusion d'Assange avec Poutine. Cependant les titres qui emploient le caricaturiste installé aux Etats-Unis sont tous "atlantistes".
+ Plutôt incongru de voir la série "XIII", par W. Vance et J. Van Hamme, en Une d'une revue d'Histoire ("Historia-BD" n°5). Cette BD, dont le scénario est recopié sur un film de série B américain n'est pas plus "historique" que le dernier "Lucky-Luke" par Jul.
La série "XIII" baigne dans une ambiance "complotiste", comme une bonne partie du cinéma et des jeux vidéos américains, ce qui s'explique en grande partie parce que la police secrète est très développée aux Etats-Unis, comme dans le bloc soviétique ennemi. Concurrents, les Etats-Unis et l'URSS ne constituent pas moins des cultures analogues, faisant notamment un usage immodéré de la propagande et de la désinformation.
Le chapitre : "La presse, un quatrième pouvoir au service de la Démocratie." claque comme un slogan. Certes la presse est un peu plus indépendante aux Etats-Unis qu'elle n'est en France, mais elle opère pour le compte des deux grands partis qui se succèdent au pouvoir, l'alternance créant l'illusion de la démocratie.
Caricature par Reno & Melaka
+ Peu de journalistes ou "d'experts de la politique des Etats-Unis" ont fait le rapprochement entre la manifestation des partisans de Donald Trump à Washington, incapables de digérer leur défaite dans les urnes, et les manifestations de Gilets jaunes qui avaient mis le président Macron en posture difficile, le poussant à se retrancher dans le palais de l'Elysée, entouré des forces de police, prêt à décoller.
Pourtant l'électorat de D. Trump est largement composé d'Américains écoeurés par la classe politique et les médias, ulcérés par le krach de 2008 et ses conséquences.
Comme ou pouvait s'y attendre, D. Trump s'est vite désolidarisé de ses partisans les plus téméraires, dont la répression par les forces de l'ordre a fait plusieurs morts.
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Revue de presse BD (373)
+ "Faut pas prendre les cons pour des gens (2)" : Le premier volume de cette série de gags a cartonné ; l'éditeur (Fluide Glacial) s'est donc empressé d'en publier un second.
Malgré un mauvais titre, qui sonne comme la réplique d'un vieux sketch des années 80, les auteurs E. Reuzé et N. Rouhaud tendent à notre époque un miroir peu complaisant. Ils n'ont eu pour trouver l'inspiration qu'à parcourir la rubrique des faits divers ; la plupart des gags font écho à l'actualité, enrichie en situations ubuesques par le confinement et la politique sécuritaires... sans oublier la mode des idées écologistes adoptées sans hésiter par des peuples qui ont fait du gâchis dans tous les domaines le principal motif de l'existence.
Le titre "Faut pas prendre les cons..." n'est pas bon car les faits divers et les gags illustrent une forme d'institutionnalisation de la connerie ; "les gens" sont largement entraînés à être cons depuis le plus jeune âge par les différentes institutions auxquelles leurs parents les abandonnent pour courir après l'argent : la télévision, l'Education nationale, l'Université, j'en passe et des meilleures. La disparition du "bon sens" n'est pas le fait "des gens" en général, mais plutôt d'une petite élite perchée. En effet le "pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué" est en filigrane de toutes les situations absurdes exploitées ici.
+ "Comédie française" évoque une satire de moeurs enlevée ou une tragédie. Mais rien de tout ça dans l'album de Mathieu Sapin, pesant malgré son style de dessin naïf. Prendre Emmanuel Macron pour sujet, après François Hollande, c'est prendre le risque de se répéter.
L'actuel hôte de l'Elysée semble persuadé que la BD est un art de courtisan (il invita le bédéaste Jul à l'accompagner en Chine). E. Macron est un génie du marketing politique ; on le sait déjà depuis son élection et son emploi du temps n'est pas bien palpitant.
Plutôt que sur les manifestations de Gilets jaunes, vite évacuées, l'auteur préfère s'attarder sur la passion qu'il partage avec Brigitte Macron pour l'oeuvre de Jean Racine.
Dessin signé Tignous.
+ Où l'on apprend que Gertrude Stein fournissait en funnies (BD) le jeune couple formé par Pablo Picasso et Fernande Olivier. Quelques justifications supplémentaires à l'expo "Picasso et la BD" (musée Picasso) fournies par son commissaire Vincent Bernière ; une expo un peu "tirée par les cheveux".
+ Rétrospective "Le Rire de Cabu" à l'Hôtel de Ville de Paris (salle St-Jean) (9 oct.-19 déc.).
Cabu tempérait : - Le rire... ou le sourire. Sachant que le rire peut être gras, ou même sournois.
Une expo Cabu sous haute surveillance policière où il faut montrer patte blanche : décidément le destin est ironique...
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Revue de presse BD (365)
Dessin de Une par Lara.
+ Commencé pendant le confinement, le fanzine hebdomadaire "Déconfetti", paraissant chaque lundi, en est à son 9e numéro.
On peut télécharger ce fanzine gratis ; au programme : des histoires à suivre et une page instructive sur la faune de nos campagnes.
+ On est frappé en feuilletant la dernière livraison de "Mon Lapin quotidien" (L'Association), qui date du printemps dernier (février) par la qualité du papier. Les dessins ne sont pas toujours bien reproduits, en revanche (trop petits, bien que le format soit gigantesque !) ; le maquettiste doit être aveugle, à moins qu'il ne soit presbyte ?
L'ensemble est assez hétéroclite -volontairement, semble-t-il. "Mon Lapin quotidien" fournit une tribune à quelques auteurs de BD. Aurélie William-Levaux exprime, par exemple, sa sympathie pour les Gilets jaunes.
Un article intitulé "Assange le torturé" par Agnès de Cayeux revient sur les conditions de détention du Gêneur public n°1, et la façon subtile dont celui qui fut assez naïf pour croire à la transparence démocratique et à la liberté de la presse est torturé.
La Une du journal tire parti du graphisme des armes blanches et des armes à feu, ainsi que de certains emblèmes néo-païens ou fachistes... au risque de faire oublier que les plus gros trafiquants d'armes sont des nations qui se réclament de la démocratie et des "Droits de l'Homme", non pas de Thor ou Vulcain.
Couverture de "Métal-Hurlant" par Tardi.
+ On annonce le retour prochain de "Métal hurlant", magazine de BD et de rock bien connu. Son cofondateur, Jean-Pierre Dionnet, vient de donner au webzine "Chaosreign" une interview-fleuve où il revient sur les années "Metal Hurlant" qu'il décrit comme un magazine sans idéologie particulière dans une époque infestée par les idéologies.
J.-P. Dionnet rêve d'assister à la fin de la civilisation occidentale ; il a tort de croire et dire que L.-F. Céline était "misanthrope", comme M. Houellebecq. Céline se méfiait raisonnablement de l'espèce humaine.
Petit extrait :
«De toute manière, à l’époque de "Métal-Hurlant", il n’y avait pas de scission droite et gauche. J’allais dire que l’extrême-droite et l’extrême-gauche cohabitaient dans leur haine du milieu. C’est Goscinny qui m’a appris ça.
A «Pilote», il y avait le rédacteur en chef de «Minute», Serge de Beketch, qui avait beaucoup d’humour et qui était à côté de Jean-Marc Reiser ; ça ne posait pas de problème. Quand ils parlaient science-fiction, ils tombaient d’accord, quand ils parlaient d’autre chose, parfois ils tombaient d’accord, parfois ils s’engueulaient comme du poisson pourri. Généralement, on évitait de s’engueuler, mais on aimait bien discuter avec l’ennemi. C’était pas : - Toi t’es de droite, toi t’es de gauche, moi je ne savais pas où j’étais, juste à côté, je m’en foutais.
Là je vois qu’on réédite enfin tout Jean-Patrick Manchette, y compris des choses inédites, bon bah, l’auteur de polar qu’il préférait c’était ADG, qui était d’extrême-droite, parce qu’il trouvait qu’il avait une vision du monde absolument extraordinaire. A l’époque, il n’y avait pas cette idée de «si t’es de droite et que je suis de gauche, alors je ne te parle pas». Et aujourd’hui, les journaux «de droite» et «de gauche», laissez-moi un peu ricaner.
Les journaux dits «de gauche», estampillés de gauche, appartiennent tous à des grands patrons qui ne sont pas forcément de gauche, et qui ont la mainmise sur tout. Moi, je n’écoute plus personne en presse parce que j’ai fait une école de journalisme, en face de l’Eglise St-Germain-des-Prés. J’ai fait les deux ans. C’était en 68 et j’ai fait les deux ans, je suis allé jusqu’au bout. (…) Et donc à l’école de journalisme on nous a dit de lire les journaux. Après, on nous a donné des dépêches de l’Agence France-Presse. Puis on nous a dit : - Maintenant prenez ce fait divers et faites-en deux feuillets pour «L’Humanité», pour «Le Figaro», pour «Minute», pour «Libération». On a vu comment on pouvait tordre les faits pour qu’ils aillent dans la ligne politique du journal. (…)»
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Revue de presse BD (359)
Jacques Julliard, portraituré par Fabien Clairefond.
+ "Nous vivions heureux et nous ne le savions pas." écrit Jacques Julliard cette semaine dans "Le Figaro".
Quel est ce "nous" ? De quelle communauté J. Julliard parle-t-il ? Des lecteurs du "Figaro" ? Des Parisiens ? Des Français ?... alors dans ce cas le mécontentement des Gilets jaunes lui a échappé...
L'expression d'une solidarité factice, surtout en période de crise, n'est-elle pas pour dissimuler l'absence de solidarité réelle, illustrée par l'abandon des vieillards "surnuméraires" dans des "Ephad" ?
+ Pas de dessin de Willem dans "Charlie-Hebdo" cette semaine, mais une chronique calligraphiée dans laquelle le caricaturiste, retiré sur l'île de Groix (Finistère), raconte comment il a été gravement blessé au doigt par son chat Frédérik et dû être soigné sur le continent.
+ La chaîne "Arte" propose une adaptation en dessin-animé d'"Agrippine", parue dans le "Nouvel Obs" (1988-2009).
L'adaptation est fidèle : le doublage et les dialogues sont soignés, et comme dans la version originale de Bretécher, les idéaux de gauche servant de masque à la bourgeoisie parisienne sont tournés en dérision.
Le "Déjeuner sur l'Herbe" de Manet revisité par Cambon.
+ Dans le "Journal des Arts", le caricaturiste Cambon s'est amusé à "confiner" quelques oeuvres d'art célèbres.
+ "En ces temps de confinement forcé, la bande dessinée s'épanouit plus que jamais sur internet et les réseaux sociaux" écrit E. Delcroix dans "Le Figaro" (20 avril). Et de citer les Journaux de confinement illustrés de certains auteurs, "têtes de gondoles" des principaux éditeurs de BD.
Mais encore quelques publications profiteraient du confinement, comme l'octogénaire hebdomadaire "Spirou" (tirage : 70.000 ex.), dont le nombre d'abonnés à augmenté.
Chez l'éditeur Dargaud, on a avancé la sortie d'un nouveau magazine numérique pour ados, "Mâtin" (clin d'oeil à "Pilote"), disponible gratuitement sur Instagram.
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Revue de presse BD (339)
+ Petite anthologie de (bonnes) BD parues en 2019, dont vous pouvez retrouver les critiques dans l'onglet "kritik" de ce blog, ou bien "actualité".
Dans l'ordre : "La Tournée", par Andi Watson ; ed. çà & là.
- "L'amusant Musée", par Jean-Luc Coudray & Isabelle Merlet ; éd. Wombat.
- "A bord de l'Aquarius", par Marco Rizzo & Lelio Bonaccorso ; éd. Futuropolis.
- "Orwell", par Christin & Verdier ; éd. Dargaud.
+ Les autorités culturelles, le ministre de la Culture Franck Riester en tête, ont décrété l'année prochaine 2020 "année de la bande dessinée". Cette mesure destinée à soutenir les auteurs de bande dessinée laisse une partie d'entre eux sceptiques, qui réclament des mesures plus concrètes.
Quelques auteurs et scénaristes ont même signé il y a quelques mois la pétition "Nous ne sommes pas dupes" de soutien au mouvement des Gilets jaunes, mouvement de défiance vis-à-vis des élites politiques, mais aussi culturelles, regroupées à Paris.
+ Xavier Bureau alias Burlingue, est un dessinateur de presse et un peintre méconnu. De petites expositions de ses dessins et gouaches sont régulièrement organisées à Paris.